NoS motivationS pour ce projet
S’en mêler sans s’emmêler – Est-ce bien nos oignons ?
Lorsque l’on est une équipe de travailleuses sociales, majoritairement composées de personnes blanches, cisgenres, hétérosexuelles et que l’on travaille dans un Centre de planning familial baptisé Infor-Femmes, l’on est en droit de se questionner sur la légitimité à aborder de tels sujets et enjeux.
C’est justement, pour cette raison que nous nous sommes attaquées à un tel sujet : comment participer et accompagner les luttes et revendications des personnes sexisées et minorisées de manière la plus juste, la plus adéquate, la plus utile possible ?
Comment participer à une émancipation que l’on souhaite individuelle et collective pour tou·te·s, SANS s’approprier des territoires qui ne nous appartiennent pas ? À l’heure où les politiques, les pouvoirs publics, les grandes marques commerciales, les médias et la pop culture s’emparent des questions LBGTQIA+, tantôt pour en faire de la sensibilisation, tantôt pour se forger une image de « sympathie » auprès du grand public, il est important de se demander avec quelle sincérité l’on s’intéresse à un tel sujet, quels sont nos enjeux et nos motivations ? Le fait-on pour obtenir des subventions, pour redorer son blason, se lance-t-on sans le savoir dans ce que l’on nomme le pinkwashing ?
Pour le savoir, il faut avant tout questionner sa démarche. Est-on bien prêt·e à déconstruire ses représentations, à écouter la parole et les revendications des personnes concernées et à modifier ses comportements ? Est-on engagé·e dans un processus d’analyses de ses réflexes, de ses habitudes, de ses manières de dire, d’agir et de penser ?
Être ou devenir un vrai, bon, réel soutien pour les personnes minorisées et sexisées ne se fait pas du jour ou lendemain ni ne s’improvise ! Tout comme l’on ne peut s’autodésigner comme une personne sympathique, bienveillante ou encore remplie d’humour, il appartient aux personnes avec qui l’on entre en relation de jauger si l’on représente un soutien ou, au contraire, nos comportements et intentions sont maladroites et représentent un inconfort ou même une gêne pour nos interlocuteur·rice·s.
Dès lors, il est primordial de cultiver sa curiosité, son ouverture d’esprit et de mobiliser différentes ressources à disposition : que ce soit des témoignages de personnes concernées, des podcasts, des documentaires, des associations militantes, des supervisions, etc. La formation est continue, la déconstruction de nos schèmes de pensée hétéropatriarcale et cishétéronormée est un travail de longue haleine, qui nécessite une posture d’apprentissage humble et intéressée.