Définition

La vie de tous les jours, la routine, les habitudes journalières ; le quotidien désigne tout ce qui relève des actions et responsabilités qui se répètent, jour après jour dans nos vies. Cela peut être des choses comme se réveiller à une heure précise, se doucher, prendre son petit déjeuner, s’habiller, partir au travail, etc. En somme, il comprend toutes les choses à gérer pour que les journées s’enchaînent et se déroulent de manière optimale.

Le travail invisible désigne l’ensemble des tâches à effectuer pour que « le quotidien se passe bien ». Cela concerne globalement tout ce qui relève de la gestion domestique (qui remplit le frigo ? Qui nettoie la maison ? Qui établit la liste des courses, etc.) et du soin aux personnes/de la garde des enfants. Ce travail est dit invisible, car non ou trop peu reconnu, peu valorisé et non-rémunéré.

BRIBES DE Récits

« Jour par jour, je pense assumer au moins 80 % des tâches liées à l’entretien de la maison, du linge, des courses… Dans mon couple, nous travaillions pourtant tous les deux à temps plein. Plusieurs fois, je me suis dit que j’allais arrêter de faire toutes ces petites choses que je fais au quotidien pour entretenir notre foyer, pour faire en sorte que ce dernier soit agréable. J’y pense, mais jamais je n’ai mis cette pensée en pratique. »

« Récemment, mon mari m’a proposé une sortie aux thermes pour que l’on se détende ensemble. Nous étions prêts à partir quand il m’a demandé si j’avais pris son maillot. Et là, je me suis rendu compte que de manière presque robotique, c’est moi qui m’étais occupée de faire nos sacs, de réunir nos affaires, de penser à prendre nos peignoirs, etc. Même lors d’un jour de détente, c’est moi qui avais été “la capitaine” de nos affaires. »

UN PEU DE RECUL

« Qui lave vos chaussettes ? » questionnaient les féministes des années 1970 afin de mettre en évidence l’inégalité genrée dans la répartition des tâches domestiques et de soin gérée au quotidien. La volonté était alors de visibiliser l’ampleur de ce travail et de pointer la disproportion de sa prise en charge. Si les femmes s’occupent davantage du foyer, supportent les responsabilités et corvées de la vie de tous les jours, alors elles manquent de temps pour participer au marché du travail, pour s’investir dans des projets porteurs, cela limite leurs opportunités professionnelles et leur autonomie financière. Pour celles qui occupent un emploi, l’inégale répartition du travail domestique donne lieu à la « double journée » : du travail après le travail. Les femmes disposent de moins de temps que les hommes pour leurs loisirs et temps libres (sport, entretien des liens sociaux, divertissement, etc.). Cela a un impact sur leur santé physique, mais aussi mentale. Ainsi, depuis quelques années maintenant, le concept de « Charge Mentale » est popularisé afin de pointer la charge cognitive et émotionnelle liée à la gestion de la vie quotidienne.

Des pistes pour agir

Sans surprise, l’on retrouve autour de la problématique de la répartition des tâches domestiques l’influence des stéréotypes de genre. Les femmes continuent à être considérées comme plus douées, « naturellement formées » à la gestion du quotidien, à tout ce qui relève du soin, du nettoyage, etc. Tant dans la sphère privée que publique, il reste fortement nécessaire de contrer ces normes de genre traditionnelles et essentialistes et de promouvoir une plus grande répartition des charges.

Identifier et reconnaître: prendre conscience des inégalités effectives et concrètes. Que cela soit dans mon propre couple, ma propre famille ou lorsque je consomme un produit culturel (film, pièce de théâtre, roman, etc.). Il s’agit de repérer les modèles normatifs traditionnels et de pouvoir en proposer/présenter d’autres davantage égalitaires.

Encourager l’autonomie de chacun·e : faire en sorte que chaque personne du ménage/du groupe/de la famille/du couple puisse prendre en charge des tâches du quotidien, selon ses capacités et son âge. Ajuster les responsabilités selon les actualités et besoins de chacun·e : dans des moments plus chargés pour l’un·e, prendre un peu plus de tâches en charge, par exemple.

Questionner : comment les tâches sont-elles réparties dans le foyer ? Comment cette répartition s’est-elle installée ? Y a-t-il eu un débat sur cette répartition ou bien s’est-elle installée d’elle-même ? Quels sont les modèles qui ont encouragé cette répartition ?

Revisibiliser: comment est-ce possible, au sein des couples, de pouvoir « faire compter » ce travail invisible ? Il est envisageable de considérer dans les ressources du ménage l’existence de ce travail pris en charge, par exemple. Car le travail invisible permet à celui qui ne le réalise pas de travailler, de se reposer ou de réaliser un loisir par exemple (ou il ne pourrait pas le faire si tout le travail domestique — en parental — n’était pas réalisé dans l’ombre). Il a donc une valeur concrète et donc pourquoi pas quantifiable. La reconnaissance passe aussi par la manière dont on nomme les choses : parler de travail domestique et non de tâches ménagères.

Un peu d’inspiration…