Notre méthodologie

On y va – Comment s’y prendre ?

La réponse nous apparait très simple : commençons de là où on est !

Première étape : Situons-nous, dans nos pratiques, nos missions, mais aussi dans nos réalités de vie et nos postures sociétales. Identifions nos privilèges ainsi que les éléments sur lesquels nous devons travailler, nous améliorer et progresser.

Nous sommes un Centre de planning familial dont les missions sont régies par décret, parmi celles-ci l’on retrouve, notamment, l’accueil inconditionnel de tou·te·s, l’accompagnement psychosocial, des consultations thérapeutiques, sociales, juridiques, sexologiques, médicales. Notre champ d’action se situe dans la relation d’aide, particulièrement dans tout ce qui concerne la vie relationnelle, affective et sexuelle.

Nous partageons des valeurs de pluralisme, de féminisme inclusif et intersectionnel et d’empowerment. Nous considérons que chaque personne doit pouvoir bénéficier du soutien, de l’accompagnement, de l’encadrement qui lui paraissent nécessaires et adéquats afin de pouvoir poser des choix libres et éclairés pour mener une vie satisfaisante et agréable.

Partant de là, nous sommes particulièrement marquées par les données accablantes démontrant l’état de santé mentale particulièrement préoccupant des personnes issues des communautés LGBTQIA+*.  Ces données expliqueraient d’une part, les nombreuses discriminations et violences subies par les personnes LGBTQIA+ (stress minoritaire) et, d’autre part, le défaut de confiance ressenti à l’égard des services de soin de santé. En effet, rappelons, par exemple, que l’homosexualité et la transidentité ont pendant longtemps été perçues comme des maladies psychiatriques et qu’elles ne doivent leur reconsidération qu’au travail de lobbying et de militantisme politique d’associations de défenses des droits des minorités de genre.

Deuxième étape : Interroger, écouter, questionner, tendre l’oreille ! Les personnes concernées ont des choses à nous dire, à revendiquer, à demander, à critiquer, à partager. À nous d’y prêter une attention vraie et sincère, de prendre en considération les propos et de les utiliser afin de transformer nos pratiques.

La confiance à l’égard des services similaires aux nôtres ne peut se gagner que si nous prenons en compte les recommandations, les besoins spécifiques des personnes concernées.

Quel meilleur moyen de se diriger vers une compréhension mutuelle que de dialoguer ?

* Lire notamment à ce sujet Marjolaine Régny, Note de lecture du rapport State-of-the-art study focusing on the health inequalities faced by LGBTI people Commission européenne, juin 2017, 2018. https://www.observatoire-sidasexualites.be/health-4-lgbti/ 

D’abord, nous avons interrogé de nombreuses personnes s’identifiant comme membres des communautés LGBTQIA+. Au moyen d’un questionnaire en ligne, de rencontres individuelles ou de groupes de paroles, nous avons pu récolter un ensemble de données permettant de pointer les « coups de gueule » et les « coups de cœur » concernant les modalités d’accueil et d’accompagnement de la relation d’aide. Cela nous a également permis de réunir un ensemble de recommandations concernant les souhaits et les besoins pour une meilleure prise en charge.

Nous avons ensuite essayé de saisir « ce qui fait que ça bloque ». Pourquoi n’y a-t-il pas davantage de professionnel·le·s du secteur psychosocial impliqué·e·s et intéressé·e·s par les enjeux spécifiques liés à ces communautés queer ? Pour le comprendre, nous avons questionné plusieurs acteurices du secteur : des accueuillant·e·s, des thérapeutes, des psychologues, des conseillèr·e·s conjugal·e·s et familial·e·s, des travailleur·euse·s de Centres de planning familial, de centre de soins de santé, etc. Là encore, cette démarche nous a permis d’obtenir un ensemble de représentations, de craintes et de freins qui nous ont aidées à saisir certains obstacles à une plus grande inclusion dans le suivi des personnes.

Enfin, toujours dans la même optique et suivant le même protocole, nous avons récolté les récits de professionnel·le·s de la santé mentale ou du secteur psychomédicosocial identifié·e·s ou s’identifiant comme « LGBTQIA+ friendly » ou comme allié·e·s. Là, nous avons pu récolter des incitants, des motivations, des revendications, des exemples de « ce qui fait que c’est possible, que ça marche ».

Troisième étape : Que fait-on de tout ça ? On s’imprègne, on découvre, on écoute puis vient le temps de trier, de prendre du recul. De croiser avec nos pratiques et d’essayer les premiers ajustements, les premiers changements. On a essayé de comprendre, d’identifier des pistes concrètes de choses à mettre en place, qu’elles soient des plus concrètes et pratico-pratiques à celles davantage de l’ordre de l’intention, de la posture. Nous avons tenté une première mise en application et nous avons compilé l’ensemble de cette expérience, de ces données, de cet apprentissage afin d’en constituer le présent outil. Nous l’envisageons à mi-chemin entre la recherche-action, le journal de bord et le guide d’apprentissage situé de bonnes pratiques recommandées. Nous le souhaitons pratique et facile d’usage. Nous lui souhaitons d’évoluer au fur et à mesure de nos propres expériences, et des vôtres aussi. Nous le souhaitons collaboratif et serions ravi·e·s de vous lire ou de vous entendre sur vos pratiques respectives et de pouvoir les y intégrer.

Pour ce faire, écrivez-nous à inforfemmesliege@planningfamililal.net.

Témoignages — paroles et mise en récit

Dans cet outil, vous allez lire, pour chaque item, deux voix qui se répondent en miroir sur un même sujet, une même thématique. Ne vous y trompez pas, à travers ces deux témoignages dialoguant, c’est une multiplicité de paroles qui s’expriment.

Nous avons en effet posé le choix de travailler les témoignages de manière à y compiler différentes données traitant d’un même aspect.

Expliquons-nous : nous avons reçu et récolté de nombreux avis, points de vue et récits d’expérience. Chacun d’entre eux défendait un point de vue, parfois de manière sensible, d’autre fois de manière plus virulente, par maladresse ou par colère.

Il est important pour nous de respecter le point de vue de chacun·e et de les considérer pour ce qu’ils sont, à l’endroit où les personnes en sont, dans leur cheminement personnel.

Mais tout à la fois, il nous importe également de ne pas exposer les personnes inutilement.

Par-là, nous entendons non seulement garantir un anonymat aux personnes qui nous ont accordé leur confiance et qui ont accepté de témoigner pour nous, mais aussi, et surtout, préserver toute personne minorisée de contenu difficile, pouvant être perçu et reçu comme violent.

Ainsi, nous avons analysé l’ensemble des contenus récoltés, nous les avons organisés et identifié une série d’éléments émergeant des propos. Nous les avons classifiés et agencés de manière à ce qu’ils puissent mettre en évidence des données, des freins, des craintes, mais aussi des pistes et des leviers d’actions.

Chacun des témoignages que vous allez découvrir est donc aussi réel que fictif, aussi unique que pluriel. Il est le reflet de plusieurs points de vue, de plusieurs avis qui se rejoignent, se recoupent, disent du même différemment. C’est la raison pour laquelle vous lirez ces différentes voies rédigées selon le principe de l’écriture inclusive.