Définition

Dans notre société promouvant un culte certain pour la minceur, les kilos sont une préoccupation importante pour de nombreuses personnes.

La grossophobie est la discrimination fondée sur le poids qui cible les personnes grosses ou jugées en surpoids. Elle se manifeste par des attitudes négatives, des stéréotypes, des préjugés, des insultes et des discriminations envers ces personnes en raison de leur poids.

Les femmes et personnes assignées femmes sont particulièrement sujettes à cette forme de discrimination entretenue par le système patriarcal.

BRIBES DE Récits

« Notre société a un problème avec les gros·se·s, on me répète tout le temps que je dois perdre du poids. Pour ça, je vois une diététicienne, que je paie, et j’envisage une opération qui m’aiderait à maigrir. Mais il y aura des soins, des régimes adaptés… Je n’ai pas les moyens financiers actuellement pour assurer le suivi de ces rendez-vous médicaux. »

« Je suis grosse et je n’arrive pas à m’habiller dans les enseignes de la grande distribution. Que ce soit pour la lingerie ou pour les vêtements de tous les jours, je suis contrainte d’aller dans des magasins spécifiques dont les prix sont exorbitants OU de faire du shopping en ligne OU de me résigner à m’habiller avec des tentures… »

UN PEU DE RECUL

La préoccupation qu’occupent les kilos, le poids du corps dans les esprits est le résultat de plusieurs facteurs. D’une part, on retrouve les ingrédients issus du patriarcat : les normes de beauté auxquelles il faudrait correspondre, la pression sociale qui l’accompagne, les injonctions encourageant certains comportements (régimes, manière de s’habiller, devoir de « plaire », de séduire, etc.) D’autre part, on rencontre tout ce qui relève de l’hygiénisme : une personne en bonne santé serait une personne mince (mais pas trop, maigre cela ne va pas non plus !), une personne grosse ne ferait pas attention à son hygiène de vie, etc.

Ces injonctions à la minceur, aussi appelées Diet Culture (la culture de la diét’, de diététique), exercent sur les personnes une pression sociale significative. Cette pression est véhiculée via divers médias : la publicité, les réseaux sociaux, les influenceur·euse·s, l’industrie de la mode et de la beauté, etc., et elle s’exprime par nos comportements et attitudes à l’égard des personnes grosses. Cela peut induire chez elleux des préoccupations excessives à l’égard du poids, du nombre de kilos affichés sur la balance, et mener dans certains cas à des comportements alimentaires dangereux, conduisant à des troubles alimentaires et de manière plus générale, à des problèmes de santé mentale.

Des pistes pour agir

Lutter contre les injonctions à la minceur et la grossophobie implique un travail à différents niveaux, plusieurs acteur·ice·s sociétaux sont mobilisé·e·s : du niveau plus individuel à du plus collectif, des champs éducatifs à ceux davantage orientés marketing. Déjouer des mécanismes de discrimination demande un effort collectif, une sensibilisation généralisée et des actions coordonnées de la part de différents niveaux de société.

L’objectif général étant de remettre en question les normes oppressives et d’encourager une manière d’envisager la diversité des corps et la pluralité des morphologies de manière positive.

Promouvoir la diversité corporelle : soutenir les mouvements et les initiatives œuvrant pour une plus large représentation des corps. Diffuser des campagnes de sensibilisation, des publicités et autres marques qui travaillent avec des mannequins de différentes tailles et aux morphologies plurielles.

Interpeller les médias et les enseignes sur leur responsabilité : contacter les annonceurs et les chaînes qui véhiculent des injonctions normatives ou qui véhiculent une représentation des corps uniformes et univoques. Leur demander de diversifier les représentations qu’iels proposent.

Questionner les normes de beauté : s’informer sur ces normes, leurs origines, mais aussi leurs évolutions. Identifier les enjeux liés aux injonctions à la minceur et à la grossophobie et faire circuler les informations accumulées dans mon entourage, autour de moi.

Réagir contre la grossophobie : intervenir lorsque je suis témoin de grossophobie ou d’humiliations liées au poids. Sensibiliser et discuter avec les personnes quant à l’impact de leurs mots et de leurs actions.

Rejoindre des communautés de réflexion, d’échanges ou d’actions politiques : s’inscrire dans un réseau, en ligne ou non, autour des questions de grossophobie et de dysmorphophobie permet de pouvoir dialoguer, mutualiser les expériences, mais aussi de trouver du soutien, de l’écoute et de la compréhension.

Écouter et reconnaître la souffrance des personnes victimes : accueillir les témoignages et les paroles avec respect et conscience des discriminations à l’œuvre. Ne pas minimiser les expériences vécues, si nécessaire encourager les personnes à solliciter des professionnel·le·s de la relation d’aide.

Un peu d’inspiration…

  • À écouter : Les régimes, ép.0, Matière Grasse, 15 février 2022, disponible en ligne.
    • https://graspolitique.wordpress.com/2022/02/15/matiere-grasse-les-regimes-transcription/
  • À lire : Injonction à la minceur : pourquoi on continue d’acheter ces magazines ?, Victoire Satto, the good goods, magazine en ligne.
    • https://www.thegoodgoods.fr/societe/injonction-a-la-minceur-pourquoi-on-continue-dacheter-ces-magazines/