Définition

Jeunisme : désigne la croyance selon laquelle « tout ce qui est jeune est mieux ». C’est une attitude, une disposition à favoriser, glorifier presque, la jeunesse au détriment de « la vieillesse ». Cela s’applique particulièrement dans des questions d’apparence physique (surtout pour les femmes) et de performances (au travail, au sport, dans la vie « active » de manière large).

Âgisme : terme donné à la discrimination qui s’appuie sur l’âge. C’est l’idée selon laquelle la vieillesse serait quelque chose à combattre à tout prix, à dissimuler, à maquiller. L’âgisme alimente des stéréotypes négatifs sur les personnes âgées, qui seraient moins capables, moins fiables, moins attrayantes.

BRIBES DE Récits

« J’ai la vingtaine, les cheveux longs et sombres et de nombreuses mèches de cheveux blancs. Il y a peu, je croise une des dirigeantes de ma boîte, que je connais très peu. Elle me touche les cheveux, adopte une mine triste et me dit “tant de cheveux blancs si jeunes, c’est vraiment triste !” Je n’ai pas su quoi répondre tellement j’étais sciée ! »

« Je travaille au secrétariat d’un bureau où nous recevons beaucoup de client·e·s, dans le secteur de l’investissement. Je suis à ce poste depuis vingt ans. Il y a peu, un de ces clients, plus ou moins mon âge, m’a dit qu’il préférait quand c’était ma jeune collègue qui s’occupait de lui. “C’est plus frais et plus agréable”. Je ne vois toujours pas le rapport… »

UN PEU DE RECUL

Les injonctions à la beauté pour les femmes sont problématiques, car elles entretiennent l’idée selon laquelle le corps des femmes est un objet qui se doit d’être désirables. Ces normes de beauté sont souvent basées sur l’apparence physique, comme la jeunesse, la minceur, la symétrie faciale, etc. Elles sont marquées culturellement et évoluent selon les périodes.

L’âgisme et le jeunisme ont des impacts négatifs sur l’ensemble de la société. Ils encouragent les attitudes discriminatoires envers les personnes « trop vieilles » ou « trop jeunes ». Par exemple, les femmes de plus de 50 ans sur le marché du travail ont x % moins de chances d’obtenir un emploi que les femmes de 30 ans.

Le jeunisme et l’âgisme peuvent avoir des conséquences concrètes sur la vie des femmes. Par exemple, les femmes qui ne correspondent pas aux normes de beauté jeunes et minces peuvent être victimes de discrimination dans le monde du travail, de la vie amoureuse ou dans les médias. Elles peuvent également être confrontées à des préjugés sur leurs capacités, leur intelligence ou leur valeur.

Ils nourrissent une forme de pression sur les individus, et ce sont particulièrement les femmes qui en sont les cibles et les victimes. Poussées par le désir d’être validées, acceptées ou du moins pas critiquées, les femmes vont tenter de paraître plus jeunes, dans les normes, et vont dépenser de l’énergie, mais aussi de l’argent à « masquer » les traces de l’âge sur leurs corps.

Parfois au détriment de leur bien-être, de leur estime d’elles et de leur santé mentale. Les femmes qui se sentent sous pression pour correspondre aux normes de beauté peuvent développer des troubles alimentaires, des problèmes de santé mentale ou une faible estime d’elles-mêmes.

Des pistes pour agir

Chaque personne devrait pouvoir être considérée pour sa propre beauté, confortée dans son bien-être personnel, respectée dans qui elle est sans subir de pression pour correspondre à des normes inatteignables et arbitraires.

Notre société capitaliste qui vise le profit a bien compris que, dans l’idéal de la jeunesse à tout prix, se nichait une mine d’or : l’industrie de la beauté, des cosmétiques et autres produits dérivés de l’esthétique. Il s’agit d’un secteur particulièrement lucratif, des sommes conséquentes y sont dépensées par les personnes. Comment s’en affranchir ?

Promouvoir la singularité des corps et des personnes : encourager l’autonomie et l’estime de soi de mes proches, de mon entourage, mais aussi des inconnu·e·s. Faire en sorte que les personnes se sentent bien dans leur peau, qu’elles acceptent leur apparence, peu importe leur genre ou leur âge.

Reconnaître les contributions des personnes, peu importe leur âge : célébrer les réalisations, les compétences et les expériences des personnes, qu’elles soient âgées ou très jeunes, c’est une manière de reconnaître la valeur qu’elles ont dans une société et les apports qu’elles permettent.

Sensibiliser aux enjeux intergénérationnels : promouvoir les interactions entre les générations afin de favoriser une compréhension mutuelle et de participer à une lutte contre l’âgisme.

Prêter attention aux remarques sur le physique ou le comportement : éviter de formuler soi-même des injonctions ou des commentaires sur le physique ou l’apparence. Le corps d’une personne lui appartient, il n’est pas approprié de se permettre de critiquer une coiffure, une tenue vestimentaire, la présence ou non de maquillage, etc. Relever et réagir lorsque je suis témoin de comportements inadéquats.

Soutenir et diffuser les médias vecteurs d’inclusivité: consommer et partager des médias, films, musiques, publicités et autres éléments culturels (tout ce qui relève de la pop culture) qui présentent des histoires et des personnages diversifiés en termes d’âge, et qui remettent en question les normes de beauté basées sur la jeunesse.

Un peu d’inspiration…

  • À écouter : Âgisme — tout le monde déteste la peau lisse, Les Mains dans la Pop, Nouvelles Écoutes, disponible en ligne.
  • À lire : Beauté fatale, Beauté fatale —Les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet, éd. La Découverte, 2012.