Femmes* & capitalisme patriarcal
Lorsque l’on parle de disparités économiques entre les genres, on évoque les hommes et les femmes. Comme s’il n’existait que ces deux catégories, binaires et dichotomiques.
Cependant, dans une optique d’inclusivité et de reconnaissance du genre en qualité de concept multiple et protéiforme, notre Centre de Planning Familial se positionne POUR la reconnaissance et l’autodétermination des minorités de genre, des personnes trans*, non-binaires, intersexes, agenres, genderfluid (fluidité des genres).
Dans la même lignée, nous nous positionnons CONTRE les approches binaires et essentialistes qui envisagent l’homme comme une personne dotée d’un pénis et de testicules, devant répondre aux codes de la masculinité et de la virilité ; la femme comme une personne dotée d’une vulve et d’un utérus, correspondant aux normes de la féminité.
La classe sociale “Femmes”
Pour envisager les disparités économiques entre les genres, nous avons choisi d’embrayer le pas des féministes matérialistes et particulièrement les travaux de l’autrice, chercheuse et militante italienne Silvia Federici. Dans ses écrits et interventions, elle pointe la manière dont le capitalisme, le patriarcat et le travail reproductif sont interconnectés, s’appuient l’un sur l’autre afin de se maintenir et de se renforcer mutuellement. Tous trois contribuent à l’exploitation et l’oppression des femmes en tant que classe sociale distincte.
Capitalisme
Système économique et social selon lequel le profit est fortement valorisé et recherché. Il repose sur la propriété privée des moyens de production (la terre, les matières premières, les machines et industries permettant des transformations, les technologies, etc.), la libre entreprise/libre économie (le fait de pouvoir créer et gérer des entreprises pour son propre profit sans intervention trop importante de l’État) et la concurrence sur les marchés. C’est un système qui se fonde sur l’exploitation : des ressources matérielles, immatérielles et physiques. Il engendre par le monde des inégalités sociales et économiques majeures.
Patriarcat
Système social et culturel selon lequel les hommes ont davantage de pouvoir, de privilèges et de légitimité que les femmes. Il se manifeste sous de nombreuses formes, notamment par la répartition inégale des responsabilités familiales, l’injustice en matière de salaire, la sous-représentation des femmes dans les postes de direction et l’objectivation des femmes dans les médias et la société en général.
SEXISME
Ensemble de croyances, de comportements et de préjugés discriminatoires envers une personne ou un groupe en raison de son sexe/genre. Ce système de pensée est utile pour justifier et maintenir le patriarcat. Pensons aux stéréotypes sexistes désignant les femmes comme moins capables de fermeté (et donc non appropriées pour « diriger ») ou comme plus enclines à s’occuper des autres, plus douces et plus attentives (et donc toutes désignées pour s’occuper des enfants, des personnes âgées, pour occuper des postes de soins). Le sexisme opprime les femmes et les minorités de genre, renforçant ainsi le contrôle des hommes dans un système patriarcal. Notons que le sexisme n’est pas dirigé uniquement contre les femmes : les hommes en sont également victimes, lorsqu’ils sont contraints de se conformer aux normes de virilité et de masculinité, par exemple.
TRAVAIL REPRODUCTIF
Tout ce qui relève du travail de soin et de CARE, qui est non rémunéré et qui incombe aux femmes. Cela concerne la maternité, les soins prodigués aux enfants, aux personnes âgées, aux membres d’une famille, etc. Ce travail est exécuté pour grande majorité par des femmes, il n’est ni reconnu ni valorisé, souvent ignoré et sous-évalué. Pourtant, il est essentiel à la reproduction de la force de travail et au fonctionnement de l’économie. Considérer le travail reproductif comme un travail injustement non rémunéré et non identifié comme tel permet de mettre en lumière les inégalités de genre et les systèmes de pouvoir à l’œuvre qui maintiennent les femmes dans une position de subordination.
Le capitalisme patriarcal pour comprendre la classe sociale femmes*
Le « capitalisme patriarcal » : concept utilisé par Silvia Federici pour désigner et définir la manière dont le système capitaliste et le système patriarcal sont étroitement liés et se renforcent mutuellement, ce qui contribue grandement à maintenir et perpétuer les inégalités de genre. Autrement dit, le capitalisme et sa recherche de profit à tout prix exacerbent les oppressions faites aux femmes et aux minorités de genre, notamment en favorisant la concentration des pouvoirs et des ressources entre les mains des hommes. Le travail des femmes et des minorités est dévalué, gratuit ou très peu rémunéré. Plus ce travail reproductif est exploité, plus du profit est généré !
Notons que le capitalisme patriarcal ne touche pas toutes les femmes et toutes les minorités de genre de la même façon. En effet, d’autres facteurs interviennent dans les mécanismes d’oppression, ils se cumulent et renforcent encore les discriminations : RACE & racisme ; CLASSE & classisme ; ORIENTATION SEXUELLE & homophobie, lesbophobie, biphobie ; EXPRESSION DE GENRE & transphobie, etc.
En définitive, selon une perspective féministe matérialiste, la classe sociale femmes est élargie aux minorités de genre, au-delà de la binarité hommes-femmes. Cette approche encourage et privilégie la lutte commune contre les structures de pouvoirs et systèmes de domination qui oppriment indifféremment toute personne issue des groupes minoritaires.
Ressources : Et si on voyait les choses autrement ?
Compilation des ressources permettant de s’outiller aux disparités économiques genrées ayant nourries le projet d’abécédaire thématique soutenu par Alter Egale 2023, dispositif participatif et de subventionnement spécifiquement dédié aux Droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes de la Fédération Wallonie-Bruxelles.