Disparités économiques genrées : De quoi parle-t-on ?

Ce sont l’ensemble des inégalités qui s’appuient sur le genre dans la répartition des ressources économiques, des revenus et de la richesse. Elles se manifestent de différentes manières et sont présentes dans plusieurs sphères de notre vie (privée, professionnelle, amicale, etc.).

Les sous, c’est tabou !

Dans nos sociétés occidentales, l’argent est un sujet particulièrement tabou, on en parle peu, avec gêne. Qui gagne combien ? Qui possède quoi ? Qui s’enrichit sur le dos de qui ?

Y compris au sein d’un couple, ces questions sont encore trop souvent épineuses, peu ou pas abordées, évitées même parfois. Pourtant, l’argent est un générateur important d’inégalités, de discriminations ou même de violences.

Dans un ménage, la répartition équitable des richesses et de l’accès à des ressources financières est loin d’être une évidence.

Cette situation génère un grand nombre d’injustices intrinsèquement liées aux questions de genre : la catégorie favorisée étant très (trop ?) majoritairement celle des hommes.

Les violences économiques & le Centre de Planning Familial

Au sein de notre Centre, des personnes concernées par ces situations injustes sont accueillies quotidiennement : Mme X doit demander de l’argent à son partenaire dès qu’elle veut effectuer un achat, car c’est lui qui tient les cordons de la bourse, Mme Y souhaite divorcer, mais ne peut se le permettre financièrement, Mme Z ne peut accéder à telle aide financière pour son projet, car l’ensemble des ressources sont au nom de Mr, etc.

Les exemples sont nombreux et concernent l’ensemble de nos services, ils se présentent tant lors d’entretiens sociaux, juridiques, qu’au cours de séances thérapeutiques, médicales ou sexologiques.

Les professionnel·le·s se trouvent parfois démuni·e·s, ne sachant comment accompagner au mieux la personne : Où l’orienter ? Comment l’aider ? Quelles pistes d’actions envisager ?

S’informer et s’outiller pour s’émanciper

Les personnes elles-mêmes méconnaissent trop souvent leurs droits, n’ont pas accès à certaines informations ou pistes de solutions. Par exemple, nombreuses sont encore les personnes qui se marient sans savoir qu’elles peuvent choisir leur régime matrimonial. Beaucoup de couples participent encore aux charges et frais du ménage à 50/50 alors qu’il est rare que les deux personnes gagnent exactement le même salaire. Dès lors, l’une s’appauvrit lorsque l’autre s’enrichit.

Dans la même idée, beaucoup de familles répondent encore aux stéréotypes de genre voulant que madame s’occupe du ménage, des tâches domestiques, de la maison et des enfants, pendant que monsieur va travailler et ramène de quoi faire bouillir la marmite. Pendant que monsieur gagne de l’argent, s’enrichit, madame travaille gratuitement, effectue toutes les tâches de support.

Il n’est pas rare également de rencontrer des situations dans lesquelles monsieur injecte son argent dans de l’immobilier (voiture, crédits, maison) et agrandit de ce fait son patrimoine, pendant que madame assure les dépenses immatérielles du quotidien : l’alimentation, les frais de santé, les soins, etc. En cas de séparation, madame se retrouve démunie, sans ressource ni richesse, en situation de précarité.

L’argent, l’oseille, la thune, la flouze… Qu’importe comment, parlons-en !

L’argent est un sujet important au sein d’un couple, d’un ménage, d’une famille, il est encore trop souvent vecteur de discriminations. Et les personnes lésées sont encore trop souvent les mêmes : les femmes et les minorités de genre.

La possibilité d’avoir accès à des ressources financières est primordiale pour pouvoir évoluer librement dans notre société capitaliste.

Différentes voies existent pour accéder à ces ressources : être correctement rémunéré·e pour une tâche effectuée, bénéficier d’un emploi salarié, être couvert·e par une assurance ou une mutuelle pour faire face à des situations spécifiques (maladies, arrêts de travail, etc.), négocier une augmentation de salaire ou un alignement sur celui de ses collègues si l’on est lésé·e, etc.

Pour chacune de ces situations, les femmes* restent majoritairement lésées : les inégalités salariales entre les genres persistent, les temps partiels sont davantage occupés par des femmes, les « papiers » et documents administratifs d’une famille sont souvent au nom de l’homme, les femmes prennent plus de congés ou interrompent davantage leurs carrières pour prendre soin de leur famille, les pensions de fin de carrière professionnelle sont presque toujours plus maigres pour les femmes, etc.

 Face à toutes ces injustices, les femmes* doivent pouvoir être correctement informées, sensibilisées et accompagnées sur toutes les questions qui sont liées aux disparités économiques et à l’accès aux ressources financières.

Il en va de même pour les professionnel·le·s des secteurs psychosociaux qui sont amené·e·s à les accompagner et qui se trouvent parfois démuni·e·s. Cela relève intrinsèquement des champs des droits des femmes et d’égalité des chances.

L’abécédaire, parcourir les liens entre sphères économiques et genrées A à Z

Partant de là, nous avons souhaité travailler à la réalisation collective et participative d’un outil aux objectifs multiples : informer, sensibiliser, prévenir et fournir des ressources quant aux disparités économiques genrées.

Nous espérons que cet outil, abécédaire non exhaustif et évolutif, vous permettra d’éclairer certains questionnements, d’identifier quelques angles morts et surtout, vous accompagnera vers une plus grande autonomie et émancipation féministe !